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La Bible, livre humain ou divin ?

Envoyé par Jean-Paul Debanne le 08/04/2005

"La Bible ? Tout au plus un témoin de l'histoire, un héritage culturel..."



Voilà en résumé la façon dont la majeure partie de nos contemporains perçoivent les Saints Écrits. Terminé, le temps où les Écritures étaient décriées, où la Genèse était moquée, où les Épîtres de St Paul étaient jugées sexistes et obscurantistes. Si vous en êtes encore là, sachez que vous êtes ringard, ni plus ni moins ! Car la tendance, voyez-vous, serait plutôt à la restauration des grandes fresques bibliques, au classement des Proverbes de Salomon au patrimoine de l'humanité, aux vocalises de l'Évangile ("Gospel", en anglais) dans des associations de choristes, bref, en un mot, à la réappropriation du message divin pour le transformer en temple mirifique de la culture humaine, voire en musée des civilisations.

Et Dieu, là-dedans ? Et l'Intelligence transcendante, censée avoir inspiré les auteurs de ces écrits ? Force est de reconnaître qu'une telle hypothèse est plutôt passée à la trappe... Mais comment y croire, à l'heure où tant de conducteurs spirituels douteux prétendent parler au nom de Dieu ? Peut-on encore admettre, pour reprendre une proclamation de Victor Hugo, "qu'Il y a un livre qui contient toute la sagesse humaine éclairée par toute la sagesse divine, un livre que la vénération du peuple appelle le Livre: la Bible". Cela pose le problème crucial de l'inspiration des Écritures, de ses principes, et de ce que l'on sous-entend par un tel concept.



Pour beaucoup d'incroyants, les Livres Saints ne seraient que des documents par lesquels nous pourrions suivre les recherches d'hommes du passé en quête de Dieu. Cette opinion a le mérite d'être claire: toute intervention surnaturelle est ici niée. La Bible est perçue avec un regard simplement humaniste, et plutôt relativiste; un regard qui, au fond, demeure très superficiel, car une analyse approfondie montre que les Saints Écrits, loin d'être constitués par des interrogations méditatives d'hommes cherchant le divin, nous montrent au contraire un Dieu en quête d'hommes qui ne le cherchaient pas du tout. Bref: ce préjugé est un contresens. Comme le dira l'apôtre Paul dans son épître aux Romains: "Nul ne cherche Dieu. Tous se sont égarés"(Romains, 3:11). Si la Bible avait été un livre rédigé explicitement dans le but d'atteindre à la condition divine, on aurait pu comprendre qu'il ait été écrit par des hommes, afin de satisfaire leurs propres ambitions et aspirations. C'est une constante du genre humain que de manifester une telle vanité: "S'il existait des dieux, comment supporterais-je de n'être point dieu ?", avait osé affirmer le philosophe Friedrich Nietzsche, reflétant ainsi toute l'arrogance humaine. On ne s'étonnera donc plus que la plupart des mythologies et religions se concentrent sur les moyens pour les hommes d'atteindre à Dieu. Par contre, mais pour la même raison, il est bien moins probable qu'un ou plusieurs hommes aient d'eux-mêmes produit des écrits relatant l'abaissement d'un Dieu jusqu'à l'incarnation dans une misérable condition humaine, avec au bout du compte une mort encore plus misérable. Quel intérêt auraient-ils eu à cela ?

Mais en admettant même que les auteurs des Saints Écrits aient été au bénéfice d'une inspiration; encore faudrait-il s'entendre sur la signification de cette notion. Car après tout, l'on peut aisément concéder, même si l'on est agnostique, que tel ou tel passage biblique paraisse "inspiré", au sens que ce terme revêt lorsqu'on parle d'une fresque de Michel-Ange ou d'un poème d'Arthur Rimbaud. Les peintres et autres artistes de tout bord n'ont-ils pas souvent déclaré solliciter leur "muse" respective afin qu'elle leur octroie un trait "d'inspiration" ? Ainsi, pourquoi ne pas considérer la Bible, à l'instar de milliers d'autres oeuvres humaines, comme quelque chose d'intéressant, de beau, voire d'admirable, sans forcément avoir à le considérer comme parfait ni infaillible ? Beaucoup de gens seraient tentés de le penser, à commencer par les théologiens, eux-mêmes: Certains d'entre eux, tout en admettant la possibilité d'une inspiration transcendante d'une partie des Saintes Écritures, notamment dans les passages traitant du salut éternel, prétendent que leurs auteurs n'auraient pas pour autant été préservés de l'erreur sur les sujets tels que l'histoire, la science, la chronologie et autres. Telle fut la position d'un dénommé Bultman qui distingua dans la Bible, d'une part un noyau central, précieux, toujours valable et renfermant l'appel pour l'homme à la décision de se donner ou non à Dieu; et d'autre part une écorce mythique et frustre, révélatrice de la mentalité d'un âge préscientifique dont il faudrait débarrasser le message chrétien pour le rendre accessible à l'homme moderne. On l'aura compris: selon cette thèse, la Bible ne serait pas la Parole de Dieu, mais ne ferait que la contenir, au milieu d'un tas de considérations humaines plus ou moins erronées.

Cette thèse nous plonge dans un marécage d'incertitudes, car dès lors, comment juger ce qui est infaillible ou pas dans les Écritures, ce qui est essentiel à notre salut et ce qui ne l'est pas ? En réalité, si l'histoire de la Bible est fausse, la doctrine ne peut être vraie non plus, puisque la deuxième est fondée sur la première: "Si vous ne croyez pas quand je vous ai parlé des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes ?", demandait Jésus à un savant de son époque, Maître Nicodème (Évangile de Jean, 3:12). La Bible s'affirme donc elle-même comme inspirée de façon complète, et non partielle. Insinuer le contraire, c'est la trahir. En outre, prétendre qu'elle est jalonnée de mythes anciens, c'est faire un deuxième contresens, car justement, les Saintes Écritures se sont construites en opposition aux mythes: L'apôtre Pierre dira: "Ce n'est pas en suivant des fables (littéralement, en grec:"des mythes") habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais parce que nous avons vu Sa majesté de nos propres yeux" (2P 1:16). Le message est clair: la Bible se déclare elle-même comme reposant sur des faits; des faits certes surnaturels, mais non point des mythes. Si donc nous ne voulons pas croire en l'inspiration des Livres Saints, alors avouons-le franchement; et n'empruntons pas pour cela des détours rhétoriques consistant à faire dire à la Bible ce qu'elle ne dit pas.



En fait, même pour les croyants, la notion d'inspiration est parfois difficile à admettre: croire que Dieu a orienté les auteurs bibliques dans leur réflexion, passe encore... mais imaginer que même les mots qu'ils ont employés ont été suggérés par le Saint-Esprit, cela dépasse les bornes du réalisme ! Mieux vaut penser que les hommes inspirés auraient été abandonnés à leur propre jugement concernant le choix des mots. Mais là non plus, le raisonnement ne tient pas. D'abord parce que les idées sont inséparables des mots qui les expriment. Une pensée est déjà une parole intérieure, comme le sous-entend le Psaume 14, au verset 1: "l'insensé dit en son coeur: il n'y a point de Dieu". Réciproquement, la parole est une pensée exprimée. Les pensées divinement inspirées sont donc naturellement exprimées par des mots inspirés, de la même façon que la parole humaine s'exhale dans le souffle de la bouche de l'homme. L'apôtre Paul nous parle d'ailleurs des "discours qu'enseigne l'Esprit" (1ère épître aux Corinthiens, 2:13).

Pour autant, il ne faudrait pas en conclure que l'Écriture ait été aridement dictée à des écrivains passifs, comme un homme d'affaires le ferait envers sa secrétaire, pour le contenu d'une lettre. Le terme même d'inspiration exclut l'idée d'une simple action mécanique de ce genre. En réalité, l'Esprit-Saint a utilisé les facultés des auteurs inspirés, produisant un message divin, certes, mais portant la marque de l'individualité de ces hommes. L'Écriture est pleinement divine et pleinement humaine. Pour reprendre l'image du patron, imaginons qu'il emploie une douzaine de secrétaires, en chargeant chacune d'elles de rédiger un certain nombre de lettres, après leur avoir indiqué la substance de ce qu'il fallait écrire. Chacune produira donc des textes qui reflèteront ses tendances et son style, sans pour autant trahir l'idée centrale. Lorsque leur employeur aura signé ces lettres, il en sera responsable, jusqu'aux termes et même à la ponctuation employés, comme s'il les avait écrites de sa main. Ainsi, chaque missive émanera totalement de la secrétaire et totalement de l'homme d'affaires. Selon la belle formule de Myer Pearlman, docteur en théologie:"Dieu ne fait rien sans l'homme; l'homme ne fait rien sans Dieu. C'est Dieu parlant en l'homme, Dieu parlant par l'homme, Dieu parlant comme l'homme, Dieu parlant pour l'homme".

On le voit donc bien: les auteurs sacrés n'ont pas été des canaux complètement inconscients de leur fonction de retranscripteurs de la Parole divine: Moïse présentait les commandements qu'il donnait aux israélites comme étant ceux de Dieu (voir dans le livre du Deutéronome, 10:13). Les formules: "Ainsi parle l'Eternel" reviennent des dizaines de fois dans la bouche des prophètes. L'Ancien Testament tout entier proclame son inspiration, tout comme le Nouveau: L'apôtre Paul rend grâce aux Thessaloniciens d'avoir accueilli sa parole, non comme venant de lui, mais plutôt de la part de Dieu (1ére épître aux Thessaloniciens, 2:13). Quant à son condisciple Pierre, il précise bien que "ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie ait jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu" (2ème épître de Pierre, 1:21). Non seulement les auteurs bibliques furent conscients de leur inspiration, mais encore et surtout, ils se rendirent témoignage les uns aux autres: Jésus lui-même a confessé que la loi de Moïse venait bien de Dieu (Évangile de Marc, 7:9-10). St Augustin résumait cela dans une belle formule: "Le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien, et l'Ancien Testament est clarifié par le Nouveau".



L'inspiration divine n'est donc pas quelque chose de vague qui pourrait recouvrir tout et n'importe quoi. C'est la raison pour laquelle il faut bien la distinguer d'autres concepts assez voisins pour risquer d'engendrer une confusion. L'illumination en est un bon exemple. On parle d'illumination lorsque l'on veut dire que l'Esprit de Dieu amène un homme, quel qu'il soit, à prendre conscience des choses spirituelles: par exemple, lorsque l'apôtre Pierre réalise soudain que le Christ est le Fils de Dieu (voir l'Évangile de Matthieu, 16:17). Or, si le St Esprit a inspiré les mots des auteurs sacrés, il n'a pas forcément trouvé bon de leur donner l'illumination pour comprendre ces vérités. Il y a donc dans la Bible des informations qui ont été écrites pour nous de la part de Dieu, sans que les hommes qui ont rapporté celles-ci ne soient arrivés à en saisir le sens profond (lisez à ce propos la 1ère épître de Pierre, 1:10-12). C'est tout simplement qu'elles ne leur étaient pas destinées. On pourrait même dire, en poussant ce raisonnement jusqu'au bout, que des incroyants peuvent aussi pressentir une certaine inspiration supérieure dans la Bible, sans forcément en pénétrer le message essentiel: la grâce du salut éternel que Dieu fait à quiconque croit au sacrifice de Son fils Jésus-Christ sur la croix. J'en veux pour preuve les membres de la secte de Raël qui n'ont pas trouvé mieux que d'attribuer le caractère transcendant du Livre Saint... à des extraterrestres. La dérision ultime étant qu'on ne peut même pas les qualifier "d'illuminés", puisque c'est précisément ce qu'ils ne sont pas, au sens biblique du terme (!).

On l'aura compris: Pour croire en l'inspiration de la Bible, il faut que nous recevions d'abord l'illumination; autrement dit que Dieu lui-même vienne nous en persuader, par la puissance de son Esprit: Jean Calvin, le célèbre réformateur religieux, ne disait pas autre chose lorsqu'il proclamait:"La Parole de Dieu ne trouvera un crédit vénérable dans le coeur des hommes que si elle est scellée par le témoignage de l'Esprit. Que le même Esprit qui a parlé par la bouche des prophètes entre en nos coeurs et les touche au vif pour les persuader que les prophètes ont fidèlement mis en avant ce qui leur était commandé d'en haut". Il ne reste plus qu'à accepter d'être touché par Dieu pour être convaincu que la Bible vient d'abord et avant tout de Lui. "Mais enfin, vous ne croyez pas ce que dit ce livre, n'est-ce pas?" demandait un jour un professeur d'université New-yorkais à une dame chrétienne qui avait assisté aux cours bibliques. "Oh si, répondit-elle, je connais même personnellement l'Auteur".





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